Le décès d’un parent est déjà un moment douloureux. Ce vide, ces souvenirs qui remontent, cette maison pleine d’histoire… Et puis, très vite, les questions matérielles arrivent. Votre mère évoque la vente de la maison familiale. Elle semble décidée. Vous, beaucoup moins. Mais avez-vous vraiment le choix ?
Peut-elle vendre sans votre accord ? Faut-il signer même si vous n’en avez pas envie ? Que se passe-t-il si vous refusez ? Derrière cette situation, en apparence banale, se cachent des règles bien précises… mais aussi des zones grises que beaucoup ignorent.
Qui hérite vraiment après le décès du père ?
L’indivision : le schéma le plus courant
Dans la majorité des cas, lorsqu’un père décède, la maison ne revient pas uniquement à la mère. Elle entre en indivision, c’est-à-dire qu’elle est partagée entre plusieurs héritiers : la conjointe survivante et les enfants.
Prenons un cas simple. Votre père n’a pas laissé de testament. Il était marié à votre mère, vous avez un frère ou une sœur. Résultat : la maison est détenue par votre mère (soit en pleine propriété, soit en usufruit), et vous partagez avec votre frère la nue-propriété ou une partie de la pleine propriété.
Usufruit ou pleine propriété : attention à la nuance
La situation peut varier selon le régime matrimonial et les dispositions prises avant le décès. Par exemple, si votre mère a l’usufruit, elle peut habiter la maison, la louer, mais pas la vendre seule. Vous, les enfants, détenez la nue-propriété : la valeur du bien vous appartient déjà. Et ça change tout.
Votre mère peut-elle vendre seule la maison ?
Non, l’unanimité est nécessaire
Même si vous n’y vivez plus, même si elle en a l’usage exclusif, votre accord reste nécessaire. En indivision, aucun co-héritier ne peut vendre un bien immobilier sans l’accord des autres. Donc non, votre mère ne peut pas décider seule de vendre la maison.
La vente doit être validée par tous les indivisaires. Cela signifie que, juridiquement, vous pouvez dire non.
Mais il y a un « mais »…
Votre refus peut être contourné par la justice
Si vous vous opposez à la vente sans raison valable, ou si vous bloquez volontairement la situation, la justice peut intervenir. Votre mère peut saisir le tribunal et demander la vente du bien malgré votre refus.
Le juge étudiera alors la situation : est-ce que votre opposition est justifiée ? Ou est-ce que vous créez un blocage abusif ? Si c’est le deuxième cas, la vente pourra être autorisée sans votre signature.
Que pouvez-vous faire si vous ne voulez pas vendre ?
Racheter la part des autres héritiers
Vous pouvez tout à fait conserver la maison en rachetant les parts de votre mère ou de vos frères et sœurs. Cela suppose bien sûr d’avoir les moyens financiers, ou un prêt, mais c’est souvent une bonne solution pour préserver un bien familial.
C’est d’ailleurs ce que font de nombreuses personnes attachées à leur maison d’enfance.
Demander un partage judiciaire
Autre option si aucun accord n’est trouvé : le partage judiciaire. Cela consiste à demander au tribunal de trancher. Il peut ordonner une vente aux enchères, une attribution préférentielle à un héritier, ou un partage équitable avec compensation financière.
Ce n’est pas l’option la plus paisible… mais parfois, c’est le seul moyen d’avancer.
Et si vous êtes tenté de dire oui pour ne pas faire de vagues ?
On le voit souvent : certains enfants signent, à contrecœur, pour ne pas créer de conflit. Pourtant, vous avez le droit de poser vos conditions. Demander une estimation indépendante. Refuser un prix que vous jugez trop bas. Réclamer un délai pour réfléchir.
Cette maison, c’est peut-être la dernière trace concrète de votre père. Le lieu où vous avez grandi. Un endroit chargé de sens. Alors oui, vous avez parfaitement le droit de ne pas vouloir tourner la page trop vite.
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Benjamin Lambert est spécialisé dans l’analyse des marchés financiers et la gestion d’actifs. Avec plus de 12 ans d’expérience, il apporte des analyses claires sur les tendances boursières, les investissements durables et les stratégies fiscales. Sur FAIRE, Pierre décrypte l’actualité économique pour mieux vous guider dans vos choix financiers.