Ne plus réussir à payer son loyer quand on vit en HLM est une angoisse partagée par beaucoup de locataires. Derrière les retards de paiement se cache la peur de perdre son toit, mais aussi une multitude de questions. Au bout de combien de loyers impayés le bailleur enclenche-t-il vraiment une procédure ? Et combien de temps peut-on tenir avant le scénario redouté de l’expulsion ? La réponse est moins mécanique qu’on l’imagine, car la loi, les délais judiciaires et les dispositifs d’aides compliquent la situation.
Que se passe-t-il dès les premiers loyers impayés ?
Dès le premier impayé, le bailleur social envoie généralement un rappel amiable. L’objectif n’est pas de punir mais de régulariser rapidement. Si le retard se répète, une mise en demeure est adressée par courrier recommandé. Le bailleur peut aussi informer la CAF pour bloquer ou réorienter les aides au logement. À ce stade, rien n’est irréversible : beaucoup de dossiers se règlent par des plans d’apurement.
Dans la pratique, la procédure officielle d’expulsion ne démarre pas dès un mois impayé. La tolérance peut aller de deux à trois loyers selon les organismes HLM. Mais juridiquement, le bailleur peut agir dès qu’un seul loyer reste dû, puisque le contrat est rompu par le défaut de paiement. Tout dépend donc de la réactivité du locataire et du dialogue engagé avec le bailleur.
À partir de combien de loyers impayés la justice est saisie ?

Le rôle du commandement de payer
Lorsque les impayés persistent, le bailleur mandate un huissier pour délivrer un commandement de payer. Ce document laisse deux mois au locataire pour régler la dette ou trouver une solution. Sans réaction, la clause résolutoire du bail s’applique, ouvrant la voie à la résiliation du contrat. C’est le premier jalon sérieux vers l’expulsion.
Le passage devant le tribunal
Après le délai de deux mois, le bailleur peut saisir le tribunal judiciaire. Le juge vérifie alors si le locataire a fait des efforts pour régler ses dettes et si des aides ont été sollicitées. Il peut accorder des délais de paiement supplémentaires, parfois jusqu’à trois ans, lorsqu’il estime que la situation est rattrapable. Mais si la dette paraît trop lourde, la résiliation du bail est prononcée, entraînant l’obligation de quitter le logement.
Quels délais avant l’expulsion effective ?
Même après un jugement défavorable, l’expulsion n’est pas immédiate. Le locataire reçoit un commandement de quitter les lieux et dispose de deux mois pour partir volontairement. S’il reste, l’huissier peut demander le concours de la force publique. En réalité, entre le premier impayé et l’expulsion effective, il s’écoule souvent plus d’un an, parfois deux. Les délais judiciaires, la trêve hivernale et les recours retardent beaucoup le processus.
Il existe aussi des dispositifs d’accompagnement social pour éviter le pire. Certains locataires bénéficient de médiations, d’aides exceptionnelles du Fonds de solidarité logement (FSL) ou de rééchelonnements de dettes. Ces solutions n’effacent pas la dette mais permettent de gagner du temps et parfois de sauver le bail.
Quels recours pour le locataire en difficulté ?
- Demander un plan d’apurement directement auprès du bailleur pour étaler la dette.
- Saisir la CAF pour ajuster ou récupérer les aides au logement suspendues.
- Solliciter le FSL auprès du conseil départemental pour une aide ponctuelle.
- Se faire accompagner par une association spécialisée dans la prévention des expulsions.
- Présenter sa situation au juge pour obtenir des délais supplémentaires.
Expulsion et trêve hivernale : une protection temporaire
La loi interdit toute expulsion entre le 1er novembre et le 31 mars, période dite de la trêve hivernale. Cela ne bloque pas la procédure judiciaire, mais empêche l’expulsion physique durant l’hiver. Attention toutefois : la dette continue de courir, et la procédure reprend au printemps. Cette protection est donc un répit, pas une solution définitive.
Conclusion : pas de seuil automatique mais un processus encadré
Il n’existe pas de seuil magique de loyers impayés déclenchant automatiquement l’expulsion d’un logement social. Dès le premier retard, le risque existe, mais le pire scénario met généralement de longs mois à se concrétiser. Entre rappels, délais judiciaires et recours sociaux, tout est fait pour privilégier la régularisation plutôt que l’éviction. Le véritable danger survient quand le locataire coupe tout dialogue et laisse la dette s’accumuler.