Et si vous pouviez alléger votre fiscalité, gagner en souplesse administrative et, cerise sur le gâteau, conserver votre vie en France ? L’idée fait rêver plus d’un entrepreneur : créer sa société à l’étranger, tout en continuant à vivre et travailler depuis l’Hexagone. Sur le papier, ça semble brillant. Dans les faits, c’est une zone grise qui peut vite virer au rouge écarlate si vous ne maîtrisez pas les règles du jeu. Pourquoi cette stratégie attire-t-elle autant, et surtout, pourquoi met-elle les autorités fiscales en alerte maximale ?
Le fantasme de l’expatriation fiscale… sans partir
Créer une société en Estonie, à Dubaï, en Irlande ou même en Bulgarie : c’est devenu un réflexe quasi automatique pour une partie des freelances, coachs en ligne, créateurs de contenu ou dirigeants de petites structures digitales. Le Graal ? Des charges sociales réduites, des impôts à 10 % voire zéro, une paperasse allégée et une liberté perçue comme absolue.
Mais voici le hic : beaucoup restent physiquement installés en France. Ils continuent à y vivre, y travailler, y dépenser. Et là, le fisc français commence à tiquer. Parce que derrière le montage « officiel », il voit surtout une manœuvre pour contourner le système.
Résidence fiscale : le nerf de la guerre
Ce que dit la loi
La question n’est pas tant « où est immatriculée votre société ? » que « où exercez-vous réellement votre activité ? ». La résidence fiscale repose sur des critères précis. Si vous vivez plus de 183 jours en France, que votre foyer y est situé, que vous y avez vos intérêts économiques principaux ou que votre travail y est effectué, alors la France vous considère comme résident fiscal.
Autrement dit : même si votre entreprise est domiciliée à Tallinn ou à Dubaï, si vous tapez sur votre clavier depuis Lyon ou Bordeaux, vous risquez gros. Les conventions fiscales bilatérales ne sont pas là pour jouer à cache-cache avec le fisc, mais pour éviter les doubles impositions… ou les doubles exonérations.
Le fisc ne dort jamais
Les contrôles se multiplient. Et ne vous fiez pas au cliché du contrôleur poussiéreux. Les services utilisent aujourd’hui les réseaux sociaux, les transactions bancaires, les données croisées de votre téléphone, vos connexions IP. Si vous facturez depuis l’étranger, mais que vos stories Instagram géolocalisées s’enchaînent à Paris, l’alerte est lancée.
Le fisc peut requalifier votre société étrangère en établissement stable en France. Conséquence directe : vous serez imposé comme si votre société était française. Avec, en prime, des redressements salés, des pénalités et parfois des poursuites pour abus de droit ou fraude fiscale.
Les montages qui font grincer des dents
Le classique : l’entreprise offshore d’un freelance
Prenez un développeur indépendant. Il crée une société en Estonie via une plateforme qui promet monts et merveilles. Il facture ses clients français depuis cette entité, encaisse les revenus sur un compte Revolut, vit à Marseille. Tout semble discret… jusqu’au premier contrôle. Il n’a ni bureau ni salarié en Estonie, toute son activité est ici. Le fisc requalifie, applique les barèmes français, avec effet rétroactif sur plusieurs années.
Le cas des holdings à l’étranger
Certains montent une holding à Malte ou à Chypre, qui détient une société française. Ils se versent des dividendes faiblement imposés, tout en gardant un train de vie élevé en France. Là encore, si le centre de décision réel est sur le sol français, les services fiscaux peuvent démonter le schéma en quelques semaines.
Peut-on malgré tout structurer intelligemment son activité ?
Oui. Mais pas en jouant à cache-cache avec son propre pays. Il existe des façons légales de réduire sa charge fiscale ou d’optimiser sa situation, à condition d’être accompagné sérieusement.
Travailler à distance depuis un autre pays, avec une vraie installation locale, une activité réellement délocalisée, des clients internationaux : là, c’est défendable. Mais il faut jouer franc-jeu, investir un minimum dans son ancrage local, et respecter les règles des deux pays concernés.
Beaucoup choisissent aussi de passer en société française (SASU, EURL) avec une rémunération optimisée, en s’appuyant sur des leviers comme le dividende, le forfait de frais ou le statut de dirigeant non salarié. D’autres migrent leur activité à l’étranger pour de bon, avec une expatriation réelle, une sortie du foyer fiscal français, un déménagement assumé.
Un sujet brûlant, à manier avec des pincettes
Le vrai problème, c’est que ce genre de stratégie flirte avec les limites. Et que le moindre faux pas coûte cher. Trop de créateurs de contenu sur YouTube ou TikTok vendent des montages « légaux à 100 % » en omettant les détails qui fâchent : absence de substance économique, double résidence fiscale, conventions non respectées.
Le fisc, lui, s’adapte. Il traque les incohérences, les fausses domiciliations, les sociétés de papier. Et il commence à taper fort.
Si vous envisagez ce type de montage, posez-vous les bonnes questions : votre activité est-elle vraiment exercée à l’étranger ? Avez-vous une vraie structure sur place ? Accepteriez-vous un contrôle fiscal dès demain avec tous vos documents sur la table ? Si la réponse est floue… méfiance.
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Camille Bernard est dans l’immobilier avec une forte expérience dans la gestion de patrimoine et l’investissement locatif. Sur FAIRE, elle partage ses connaissances sur les tendances immobilières, les copropriétés et les projets de rénovation, tout en fournissant des conseils pratiques pour optimiser vos investissements.