Un conclave jugé inefficace
Le conclave sur les retraites traverse une crise profonde. Patrick Martin, président du Medef, propose une approche totalement différente. Pour lui, le format actuel est « un peu la quadrature du cercle ». Il souhaite des discussions « indépendamment du gouvernement ». Cette proposition intervient dans un contexte de blocage des négociations. Plusieurs organisations ont déjà quitté la table des discussions. Le climat politique actuel complique davantage les échanges. François Bayrou ne semble pas opposé à ce changement méthodologique.
Une approche globale de la protection sociale
Le patron des patrons veut revoir l’ordre des priorités. L’équilibre des retraites à l’horizon 2030 doit être traité en premier. Le chantier doit ensuite s’élargir à toute la protection sociale. « Sinon on passe à côté du vrai problème », affirme Patrick Martin. Les régimes sociaux sont en déséquilibre selon lui.
Le système pèse trop lourdement sur le travail. « Il faut baisser les cotisations salariales et patronales », insiste-t-il. L’augmentation des recettes fiscales compenserait cette baisse. Le Medef considère que « le système est à bout de souffle ».
L’âge légal reste une ligne rouge
Le Medef refuse catégoriquement un retour en arrière sur l’âge légal. Cette position ferme pourrait compliquer les futures discussions. Le patronat se dit « très dubitatif » sur les options alternatives. Une décote renforcée pour les départs anticipés pourrait être envisagée. Ce mécanisme devrait alors s’appliquer « tout au long de la retraite ».
L’allongement de la durée de cotisation pénaliserait particulièrement les femmes. Les carrières hachées rendraient cette option injuste selon Patrick Martin. Le patronat veut « préserver le rendement de la réforme de 2023 ».
Des pistes controversées pour l’équilibre financier
Le Medef envisage plusieurs leviers pour rétablir l’équilibre budgétaire. Les dispositifs de carrières longues sont jugés « trop avantageux » pour certains. Une contribution accrue des retraités est clairement sur la table. L’abattement fiscal de 10% sur les retraites pourrait être questionné.
Une hausse de la CSG pour les retraités constitue une autre piste. Patrick Martin reconnaît que ces sujets sont difficiles politiquement. « Les partenaires sociaux ont peut-être un rôle à jouer » sur ces questions sensibles. La situation budgétaire tendue justifierait ces mesures selon lui.
Méfiance envers les accords partiels
Le patronat se montre méfiant face à d’éventuels accords limités. Un consensus uniquement sur la pénibilité inquiète particulièrement le Medef. « Nous ne sommes pas dupes », affirme Patrick Martin sans détour. Un accord partiel serait « un cheval de Troie » selon ses termes. Les parlementaires pourraient s’en servir pour remettre en cause l’âge légal.
Cette crainte explique la position ferme du Medef sur le périmètre des discussions. Seule une approche globale et cohérente recevrait son soutien. La méfiance envers le processus législatif est clairement exprimée.
Conclusion
Le président du Medef place ses propositions dans un contexte économique alarmant. La France a connu « une légère récession au dernier trimestre 2024 ». Les mesures budgétaires d’urgence ont eu « les effets récessifs redoutés ». La croissance inférieure aux prévisions menace les recettes fiscales.
Le patronat appelle à des « économies sur la sphère publique » plus ambitieuses. Dans cette situation tendue, le Medef considère que changer de méthode sur les retraites devient urgent. L’organisation patronale souhaite avancer avant l’élection présidentielle de 2027. « Sur ce sujet, le pays ne peut pas attendre 2027 », conclut Patrick Martin.
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Laurent Jonas est un consultant chevronné en fiscalité, spécialisé dans l’optimisation des impôts et la gestion des finances des entreprises. Avec une solide expérience auprès des TPE et PME, il offre sur FAIRE des articles riches en conseils pour naviguer dans le monde complexe des crédits d’impôts et des aides publiques.