Un changement discret, mais impactant pour les demandeurs d’emploi âgés
Depuis le 1er avril 2025, une modification importante mais peu médiatisée affecte les seniors au chômage. Le dispositif permettant aux demandeurs d’emploi de maintenir leurs droits à l’assurance chômage jusqu’à l’obtention d’une retraite à taux plein a connu un changement significatif : l’âge d’éligibilité, fixé jusqu’alors à 62 ans, est désormais progressivement repoussé. Cette mesure s’inscrit dans le prolongement de la réforme des retraites qui a déjà reculé l’âge légal de départ de 62 à 64 ans depuis septembre 2023. Pour les seniors en recherche d’emploi, souvent confrontés à des difficultés particulières sur le marché du travail, ce changement représente un nouveau défi dans une période déjà complexe.
Un calendrier aligné sur la réforme des retraites
La nouvelle convention d’assurance chômage, signée par les partenaires sociaux le 15 novembre 2024 et applicable jusqu’au 31 décembre 2028, organise ce recul progressif de l’âge d’accès au maintien des droits. Le calendrier suit celui de la réforme des retraites, créant ainsi une cohérence entre les deux dispositifs.
Pour illustrer concrètement cette évolution, les personnes nées en 1963 devront désormais attendre l’âge de 62 ans et 9 mois pour pouvoir bénéficier de ce maintien de leurs allocations chômage jusqu’à leur retraite à taux plein. Ce décalage se poursuivra graduellement jusqu’à atteindre 64 ans pour les générations nées à partir de 1968.
Une application différenciée selon la date de fin de contrat
Un élément crucial à retenir concerne les modalités d’application de cette mesure. Comme le souligne l’Unedic, organisme gestionnaire de l’assurance chômage interrogé par Capital : « Ce décalage de 62 à 64 ans s’applique uniquement aux personnes ayant une fin de contrat à partir du 1er avril (ou dont la procédure de licenciement a été engagée à compter du 1er avril) ».
Cette précision revêt une importance capitale pour les personnes concernées. En effet, les demandeurs d’emploi dont le contrat s’est terminé avant cette date butoir du 1er avril 2025 peuvent encore bénéficier des anciennes règles, qui permettent un maintien des droits dès l’âge de 62 ans.
Des conditions d’éligibilité qui restent inchangées
Si l’âge d’accès au dispositif évolue, les autres conditions d’éligibilité demeurent identiques. Pour pouvoir prétendre à ce maintien de l’Allocation d’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) jusqu’à la retraite à taux plein, les demandeurs d’emploi doivent satisfaire plusieurs critères cumulatifs. Ils doivent avoir validé au minimum 100 trimestres pour leur retraite, sans toutefois avoir atteint le nombre nécessaire pour un taux plein.
Par ailleurs, ils doivent être indemnisés par France Travail depuis au moins un an (360 jours minimum). Enfin, une condition d’affiliation de 12 ans à l’assurance chômage est requise, dont au moins une année continue ou deux années discontinues au cours des cinq dernières années.
Un filet de sécurité qui reste accessible, mais plus tardivement
Malgré ce recul de l’âge d’accès, ce dispositif continue d’offrir un filet de sécurité précieux pour les seniors au chômage. Les bénéficiaires qui remplissent l’ensemble des conditions peuvent percevoir leur allocation jusqu’à l’acquisition du nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein, ou au plus tard jusqu’à leurs 67 ans, âge auquel le taux plein devient automatique quelle que soit la durée de cotisation.
Cette protection reste donc en place, mais avec un accès retardé, créant potentiellement une période de vulnérabilité accrue pour certains demandeurs d’emploi âgés qui auraient épuisé leurs droits initiaux.
Conclusion
Ce nouveau recul de l’âge d’accès au maintien des droits au chômage illustre la tendance générale à l’allongement de la vie active et à la restriction progressive des dispositifs de transition entre emploi et retraite. Pour les seniors, déjà confrontés à des difficultés spécifiques sur le marché du travail (discrimination liée à l’âge, obsolescence des compétences, problèmes de santé), cette mesure représente un défi supplémentaire.
Alors que le taux de chômage des plus de 55 ans reste préoccupant et que leur retour à l’emploi est souvent plus complexe, cette évolution risque d’accentuer la précarité d’une partie des travailleurs âgés en fin de carrière. Si la cohérence avec la réforme des retraites est assurée, les conséquences sociales de ce double recul mériteront une attention particulière dans les années à venir.
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Laurent Jonas est un consultant chevronné en fiscalité, spécialisé dans l’optimisation des impôts et la gestion des finances des entreprises. Avec une solide expérience auprès des TPE et PME, il offre sur FAIRE des articles riches en conseils pour naviguer dans le monde complexe des crédits d’impôts et des aides publiques.