Un chiffre qui fait débat
Jean-Pascal Beaufret a lancé une polémique sur Radio Classique. L’ancien directeur des impôts affirme qu’une part importante du budget militaire finance les retraites. « Sur 60 milliards d’euros, il y a dix milliards qui ne servent pas à nous défendre. » Ce chiffre est exact mais mérite d’être contextualisé. Il s’agit des pensions versées aux militaires retraités. L’ancien inspecteur des finances utilise le terme discutable de « subvention ». Ce mot suggère un avantage indu plutôt qu’un droit légitime.
Un déséquilibre démographique flagrant
Le ministère des Armées fait face à une situation démographique particulière. En 2023, on comptait plus de 316 000 retraités militaires. Les effectifs actifs s’élèvent à environ 210 000 personnes. Ce ratio déséquilibré est unique dans la fonction publique.
La Défense compte un retraité pour 0,7 actif. Dans le civil, ce ratio est de 1,28. Cette situation explique en grande partie le poids des pensions dans le budget militaire. Les effectifs ont diminué dans les années 90-2000 sans réduire le nombre de retraités.
Des pensions significatives mais variables
Les militaires reçoivent des pensions relativement confortables. La moyenne s’établit à 1 676 euros mensuels. Mais ce chiffre cache d’importantes disparités selon les grades. Les officiers touchent en moyenne 3 026 euros. Les sous-officiers perçoivent 1 509 euros.
Les militaires du rang doivent se contenter de 1 053 euros. Comme pour les autres fonctionnaires, ces montants sont calculés sur les six derniers mois de rémunération. Ce système favorise les carrières ascendantes caractéristiques de l’armée.
Une retraite précoce et durable
La principale spécificité des retraites militaires réside dans leur durée. Les officiers peuvent partir après 27 ans de service. Les non-officiers peuvent quitter l’armée dès 17 ans de service ou à 52 ans. « L’âge moyen des nouveaux pensionnés pour ancienneté s’élève à 47 ans et 4 mois. » Cette précocité allonge considérablement la période de versement.
La Cour des comptes estimait en 2003 que les militaires percevaient leur retraite pendant 34,2 ans en moyenne. Les hommes français ne profitent de leur retraite que 23,3 ans en moyenne.
Des limitations au cumul emploi-retraite
Le système a néanmoins été encadré pour limiter certains abus. Les « fringants haut gradés » ne peuvent plus cumuler librement pension et nouvelle activité. Un plafond a été instauré.
Il limite le cumul à 8 124,92 euros annuels. Ce montant peut être augmenté d’un tiers de leur pension brute. Cette mesure vise à éviter des situations où des officiers supérieurs toucheraient simultanément une pension complète et un salaire important dans le privé.
Conclusion
Le poids des retraites militaires dans le budget de la défense est indéniable. Il s’explique par des facteurs objectifs : déséquilibre démographique, départs précoces et pensions de longue durée.
Ces spécificités correspondent aux contraintes du métier des armes. L’engagement militaire exige une disponibilité et des risques particuliers. En contrepartie, le système offre une sécurité après la carrière active. La critique de Jean-Pascal Beaufret omet cette dimension. Elle soulève néanmoins une question légitime sur la transparence des chiffres de la défense nationale.
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Laurent Jonas est un consultant chevronné en fiscalité, spécialisé dans l’optimisation des impôts et la gestion des finances des entreprises. Avec une solide expérience auprès des TPE et PME, il offre sur FAIRE des articles riches en conseils pour naviguer dans le monde complexe des crédits d’impôts et des aides publiques.